L’appel du règne de l’humain dans “Les amants de l’Atlantide”

Publié par Violaine Darmon le

Quand Selena pénètre dans la cour des miracles, au coeur de la vieille cité d’Atlantide, pour y apporter des idées nouvelles…

“Je voudrais que finisse le règne de l’argent, pour que commence celui de l’humain. Par l’humain, je n’entend pas l’ambition personnelle et le culte de la réussite qui ne fait que diviser. Si vous cherchez, vous que l’on a opprimé, rabaissé, humilié, à vous élever individuellement dans cette société et à prospérer sans considérer le sort de votre voisin, vous n’y gagneriez rien de solide, de définitif; rien qui ne s’écroulera au passage d’un plus riche, d’un plus ambitieux que vous. La fortune est changeante, dit-on ; alors forgeons une société qui fasse reculer l’influence du hasard, qui garantisse au malchanceux une vie aussi décente qu’à l’être favorisé par le sort. Le véritable être humain, c’est celui qui contemple son malheur à la lumière de celui des autres ; c’est celui qui comprend que sa misère n’est pas individuelle mais dépend de la misère générale, qu’elle est la conséquence de la misère générale. Et cette misère n’est pas une loi de la fatalité ! La terre est assez fertile pour nourrir toutes les créatures qui y vivent, sans que nul ne soit lésé. Songez donc à ce que vous pouvez légitimement réclamer : un foyer et du pain pour toutes les familles, l’instruction gratuite pour tous les enfants sans distinction de sexe ou de condition sociale…
– C’est un rêve, une utopie ! interrompit brusquement une femme alors que quelques ricanements se faisaient entendre.
– Un rêve ? Au contraire, il me semble que ce sont les conditions minimales d’une vie acceptable. Quoi de plus élémentaire, dans une société civilisée, que de s’attacher à éradiquer la famine et l’ignorance? Le cerveau humain a pu concevoir tant de merveilles, et il serait incapable de mettre fin à ces simples maux ? Non, ces premières revendications ne feront encore pas de notre monde un paradis sur terre ; il y a loin de la satiété au bonheur. Le pain, les toits et les écoles que vous obtiendrez n’ôteront guère qu’une infime part de ses plaisirs superflus à l’aristocratie, une symbolique aumône au Temple. Pourtant, ces deux entités s’estimeront lésées ; elles ne reculeront rien pour préserver leurs privilèges iniques au nom de la propriété, du mérite et même de la morale !”

 

 

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